EDITO

Les grèves « fourre-tout »

 

Les mouvements sociaux se multiplient, les 18, 19, 20 janvier, le 5 février et certainement d'autres encore.

Le 20 janvier était le jour que les fonctionnaires avaient choisi pour exprimer leur très grand mécontentement en matière de non revalorisation de leur salaire.

Il est Déjà, au regard des retenues sur salaire pour fait de grève, très difficile de mobiliser un plus grand nombre possible de collègues, il est impossible de le faire quand les mouvements de contestation deviennent des grèves "fourre-tout ".

Qu'avons-nous constaté ce 20 janvier ? La grève des fonctionnaires sur les salaires est passée non pas en second plan, mais en troisième.

Les grandes centrales syndicales, avec l'appui des politiques, ont une fois de plus tout mélangé et appelé à manifester sur tout.

Dans la rue, les enseignants en très grand nombre ont fait valoir leur opposition aux nouvelles cartes scolaires et à la loi Fillion ; les hospitaliers ont réclamé plus de personnel et de lits ; les postiers , eux se sont mobilisés,tout comme les agents EDF, contre le démantèlement du service public ; les agents SNCF eux ont manifesté leur mécontentement contre la restructuration de leur entreprise ; les salariés des entreprises privées sont aussi descendus dans la rue pour faire valoir leur revendications diverses et notamment sur les 35 heures et la délocalisation de leur entreprise, etc.

Et dans tout ça, où est passé le sujet principal de cette journée de contestation : le salaire des fonctionnaires ? !!!

Chacun a pu se rendre compte que les médias ont sacrifié ce sujet au bénéfice de tous les autres problèmes. Si bien que l'on peut, nous agents territoriaux, se demander si nous sommes vraiment, aux : yeux du grand public, existants, et si nous rencontrons des problèmes comme tous les autres salariés.

Quels que soient nos mouvements, et ceci depuis déjà un bon moment, tout le monde profite de ces problèmes pour squatter notre mobilisation dans la défense de nos droits. Qui, du grand public, se souvient aujourd'hui que le 20 janvier était la journée des fonctionnaires dans la défense de leur salaire?

Vous, moi, parce que nous nous sommes mobilisés !!! Autrement pas beaucoup d'autres si ce ne sont nos proches.

Situation voulue ou pas ? De la part du ministère certainement ! De la part des grandes centrales certainement aussi !
Ne sont elles pas, financièrement, à la solde de l'appareil politique !!!!

Bien sur, toutes les revendications sont légitimes et méritent que l'on en prenne conscience. Mais les nôtres aussi ! Et pourtant nous constatons avec une certaine amertume que les revendications des fonctionnaires territoriaux ne sont jamais, comme d'autres, relayées à l'échelon national dans le simple droit à l'information à l'ensemble des citoyens.

En tout état de cause, nous enregistrons nous-mêmes notre propre satisfaction en constatant tout de même une large mobilisation derrière notre idéologie, surtout sur l'action de grève de 55 minutes. Mais là encore personne, si ce n'est nous, n'en parle. Pourtant le S.A.F.P.T. à lui seul a mobilisé une moyenne de 25 % de grévistes, alors que les autres, à huit (F.S.U. comprise) n'ont mobilisé que 60 %, dont 40 % d'enseignants. Je vous laisse faire le calcul !!!

Mais n'est-ce pas aussi la raison de notre marginalisation dans les grands mouvements de contestation?

Le SAFPT continuera, bien sûr, ses actions, et peut-être qu'un jour on se rendra compte qu'il est la grande force de mobilisation des territoriaux.

Dans l'attente, nous devrons malheureusement subir le système des grèves " fourre tout ". Mais ne désespérons pas, c'est dans la détermination que nous arriverons à une reconnaissance nationale sans conteste.

Avec l'expression de mes sentiments les meilleurs et amicaux, à très bientôt sur une des plus hautes marches du podium.

Jean-Michel DAÛY

Secrétaire Général National